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Le moment irakien d’Israël

Il est des dates de basculement de l’histoire indissolublement liées à un massacre terroriste. Ce fut le cas le 11 septembre 2001 avec les attentats perpétrés par Al-Qaida à New York et Washington, causant la mort de près de 3 000 personnes. C’est également vrai du 7 octobre 2023, lorsque les attaques du Hamas contre Israël ont tué 1 163 personnes (dont 36 enfants et 77 étrangers, majoritairement des ouvriers thaïlandais des fermes locales).
Le soutien aux deux pays agressés et la condamnation des attaques terroristes ont alors été clairement exprimés tant par les dirigeants, entre autres occidentaux, que par la presse. Pour ne citer que Le Monde, son éditorial du 13 septembre 2001 proclamait « Nous sommes tous Américains », alors que celui du 9 octobre 2023 est tout aussi catégorique : « On ne peut que condamner l’opération terroriste du Hamas, qui a tout de la fuite en avant et contre laquelle Israël est fondé à riposter. »
Le large soutien dont ont initialement bénéficié les Etats-Unis et Israël face à la barbarie terroriste s’est effrité du fait du passage, assumé dans les deux cas, d’une guerre imposée, pouvant effectivement relever de la légitime défense, à une guerre menée au nom d’impératifs idéologiques. Ce passage d’une logique de guerre à l’autre a été très progressif dans le cas des Etats-Unis puisque le refus du mollah Omar de livrer Oussama Ben Laden et les dirigeants d’Al-Qaida a pu justifier la campagne contre les talibans afghans, lancée en octobre 2001 par Washington, à la tête d’une coalition internationale. Le président George W. Bush s’est en outre appuyé sur l’opposition afghane au régime taliban, qui a mené la campagne au sol avec l’assistance multiforme des Etats-Unis. Mais ce sont bel et bien des Afghans qui ont libéré leur pays du joug islamiste, et non des envahisseurs étrangers.
Ce n’est qu’un an plus tard que la dynamique idéologique de la « guerre globale contre la terreur » a conduit les Etats-Unis à désigner l’Irak de Saddam Hussein comme cible, officiellement au nom des « armes de destruction massive » que détiendrait Bagdad, de fait pour recomposer le Moyen-Orient au profit de Washington. Ce basculement de la guerre imposée à la guerre choisie a été combattu par, entre autres, la France et l’Allemagne, contraignant la Maison Blanche à se passer de l’aval de l’ONU, qui lui avait pourtant été acquis en Afghanistan.
De même, le corps expéditionnaire des Etats-Unis, appuyé par quelques alliés occidentaux, a mené, sans caution irakienne sur le terrain, son offensive éclair vers Bagdad, avec rapide renversement de Saddam Hussein. On connaît la suite : l’absence de toute « arme de destruction massive » en Irak et l’inexorable décomposition de ce pays, transformé par l’invasion même en sanctuaire privilégié de la terreur mondialisée.
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