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La mort d’Alistair Darling, l’homme du sauvetage des banques britanniques de 2008

Dans un long portrait de lui publié par le Guardian le 30 août 2008, Alistair Darling, alors chancelier de l’Echiquier du Royaume-Uni depuis un peu plus d’un an, lançait un avertissement : le monde allait droit vers sa pire crise économique depuis soixante ans. « Je crois que cela va avoir un impact plus profond et durable que ce que pensent les gens. » Deux semaines plus tard, Lehman Brothers faisait faillite et les marchés financiers s’effondraient.
Alistair Darling, qui est mort d’un cancer jeudi 30 novembre, deux jours après son 70e anniversaire, était sans doute la bonne personne pour affronter cette situation. « En cas de crise, c’était l’homme que vous vouliez à vos côtés », se rappelle Gordon Brown, qui était premier ministre au même moment. Pendant cet automne 2008, à coups d’annonces surprises au petit matin, le duo a agi pour éviter la catastrophe.
« Le moment où j’ai eu le plus peur a été un appel téléphonique du président de la Royal Bank of Scotland, confiait l’ancien chancelier à la BBC une décennie plus tard. Il m’a dit : “Nous sommes confrontés à une véritable hémorragie financière.” Je lui ai demandé : “Combien de temps pouvez-vous tenir ?” Ce qu’il m’a répondu m’a profondément secoué : “Nous serons à court d’argent cet après-midi.” »
Finalement, l’annonce de la nationalisation de deux banques britanniques majeures (Royal Bank of Scotland et Lloyds Banking Group) et un fort afflux d’argent public ont enrayé la panique. « La clé du succès relevait de la psychologie, confiait-il au Monde en 2013. Le plan envoyait un signal clair que nous étions prêts à tout faire pour soutenir les banques et éviter que l’économie ne s’effondre. Il fallait agir de façon décisive, au-delà de ce que les gens attendaient et rapidement. »
Ces quelques mois ont changé à jamais l’image d’Alistair Darling. L’homme avait pourtant été choisi par Gordon Brown pour devenir chancelier de l’Echiquier en raison de son caractère effacé. Sourcils noirs et cheveux blancs, lunettes cerclées et manières polies, ses discours déclenchaient rarement le moindre émoi.
Cet aspect austère cachait des convictions très profondes. « Sa vie a été consacrée au service du public », résume Keir Starmer, l’actuel leader du Parti travailliste. « Il apportait ce qu’il y a de mieux en politique : (…) il essayait toujours de faire ce qu’il fallait, ne tentant pas de marquer des points de politique politicienne », ajoute George Osborne, qui était chancelier de l’« Echiquier fantôme » à la même période.
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